Touche pas à ma posidonie !

Un marin averti en vaut deux : vous êtes nombreux à louer un bateau dans le sud de la France cet été, et si vous n’étiez pas déjà au courant, voici comment vous pouvez de manière très concrète, limiter votre impact environnemental sur les précieux écrins méditerranéens où vous allez jeter l’ancre. Votre mission si vous l’acceptez : épargner les posidonies, véritables poumons verts de la grande bleue. On vous explique pourquoi elles sont vitales, et comment vous pouvez les protéger.

Le rôle vital de la posidonie

Vous l’avez plus souvent vue en gros tas, toute sèche, étalée sur les plages de Porquerolles ou des calanques (voir photo ci-dessous). Peut-être même vous avez-vous pensé qu’elle dénaturait les rives de nos mouillages paradisiaques. Bien au contraire, ces « banquettes » de posidonies qui blanchissent au soleil ne sont pas évacuées par les communes car elles jouent un rôle protecteur contre l’érosion des plages. Ces gros tas permettent au sable de résister à l’assaut des vagues et ralentissent l’avancée de la mer sur le littoral. Certes, sur les photos de vacances, ça ne fait pas très sexy… Mais l’environnement apprécie ! Par ailleurs, la présence de ces banquettes disgracieuses est un indicateur de la bonne qualité de l’eau.

Banquette de posidonie

En mer, vous reconnaîtrez facilement la posidonie : elle forme de grandes prairies d’herbe verte (voir photo ci-dessous), où grouille la vie aquatique. Elle ressemble à une algue, mais c’est en fait une plante à fleurs sous-marine. Elle est ultra résistante, puisqu’elle a réussi à survivre à tous les cataclysmes depuis le temps des dinosaures. Et ce sont les marins modernes que nous sommes qui vont, s’ils n’y prennent pas garde, signer son arrêt de mort. Et risquent d’entraîner dans sa chute tout l’écosystème marin qui subsiste grâce à elle. Voici une liste non exhaustive de tout ce que la posidonie nous apporte :

  • Sous la mer, elle ralentit considérablement le réchauffement climatique : Les herbiers de posidonie sont capables d’absorber trois plus de carbone que nos forêts ; un seul km2 de posidonie peut stocker jusqu’à 83 000 tonnes de CO2, contre 30 000 tonnes pour 1 km2 de forêt,
  • Elle abrite de nombreuses espèces marines dont nous raffolons, et à qui elle permet de se nourrir et de se reproduire : poissons, oursins, mollusques, annélides et crustacés viennent y trouver refuge. Si l’on peut se régaler les pieds dans l’eau de bons poissons grillés divers et variés, c’est grâce à la posidonie !
  • Elle ralentit la vitesse des courants et diminue l’importance de la houle, deux paramètres chers au cœur des navigateurs et navigatrices que nous sommes, et ce faisant, elle modère l’impact des tempêtes sur nos côtes et leur érosion,

• A terre, les banquettes que nous citons plus haut, renforcent le sable des plages car ce sont elles qui sont emportées par les vagues, et non le littoral,

• Ces banquettes servent aussi de garde-manger à d’innombrables organismes (insectes et petits invertébrés) dont se régalent les oiseaux du coin, qui les utilisent également comme nichoir.

À vous de jouer !

Les plaisanciers ont un rôle primordial à tenir dans la conservation des posidonies. Tout d’abord en prenant conscience de leur importance, puis en faisant attention à ne pas jeter leur ancre dans les herbiers, donc en apprenant à les identifier, et à les éviter lors du mouillage.

Car les ancres jetées à l’arrivée des bateaux, puis remontées pour quitter le plan d’eau, labourent ces herbiers et arrachent les posidonies. Depuis 100 ans, cette pratique a déjà fait disparaître 10% des herbiers du bassin méditerranéen, selon l’Agence Française pour la Biodiversité.

Toutes les autres menaces que subit cette plante aquatique comme les rejets humains et l’urbanisation de la côte ont été jugulées, mais les mouillages représentaient une menace qui jusqu’en 2020 n’était pas réglementée. C’est maintenant chose faite, grâce à des arrêtés préfectoraux qui interdisent aux navires de plus de 24 mètres de jeter leur ancre dans les posidonies, sous peine de devoir payer une amende conséquente pouvant aller jusqu’à 150 000€ et jusqu’à un an d’emprisonnement.

L’Agence Française pour la Biodiversité distribue ce document aux skippers
en Méditerranée pour les sensibiliser

Comment reconnaitre les herbiers de posidonies ?

  • Ouvrez l’œil : lorsque vous vous préparez à mouiller, repérez les tâches sombres : ce sont soit des herbiers, soit de la roche. Privilégiez alors le sable pour y jeter sereinement votre ancre. En préférant le sable, vous faites aussi le choix de la sécurité, car l’ancre glisse sur les herbiers alors qu’elle accroche bien dans les fonds sableux. Si vous n’en trouvez pas, amarrez-vous aux bouées règlementées, qui certes sont devenues payantes pour la plupart, mais vous pourrez vous consoler en vous disant que la préservation de notre planète n’a pas de prix !
  • Téléchargez DONIA, une application d’assistance au mouillage pour iOS ou Android, qui vous donne au mètre près des données cartographiées et photographiées sur la nature des fonds marins : herbier, herbier mort, roche et sable.

Même si la longueur de votre bateau de location est inférieure à 24 mètres, et que de manière directe, vous ne risquez rien à jeter votre ancre dans les posidonies, évitez de le faire pour préserver votre écosystème marin et permettre à vos petits-enfants d’en profiter !

Pour aller plus loin, voici quelques liens que vous pouvez consulter :