Depuis 3 ans fleurissent sur la toile de nombreux sites de location de bateaux entre particuliers.
Si la Fédération nautique, les ports et les affaires maritimes ont tôt fait de crier haro sur ces nouvelles pratiques, les sites d’actualités économiques, eux, se sont réjouis de voir de telles pépites révolutionner l’industrie nautique, à son tour « ubérisée » par des marketplaces collaboratives à la croissance à 2 voire 3 chiffres… !
Qu’en est-il réellement de ce marché, en cette fin d’année 2017, après le Nautic de Paris, 2 étés d’activité et 4 à 5 millions d’euros levés ?
Découvrez le VRAI du FAUX de la location de bateaux entre particuliers : tout savoir sur ce nouveau marché et ses remous dans l’industrie nautique
Des dizaines de start-up se sont jetées à l’eau = VRAI
Après les locations de voitures entre particuliers, de nombreux sites de location de bateaux entre particuliers sont apparus dès 2014. En France mais aussi à l’étranger.
Citons SailSharing, un des précurseurs français, puis Lebonvoilier.fr, Boaterfly, Ocean Serenity, Click&Boat, Captain Flit,… mais aussi Enaviga en Belgique, Tubber aux Pays-Bas, Nautal en Espagne, Boatify au Portugal, ou bien Sailo, BoatBound et GetmyBoat aux Etats-Unis.
Le concept est clair : transformer nos anciens sites de bourses aux équipiers en plateforme de mise en relation entre particuliers propriétaires de bateaux et locataires. Un Airbnb de la mer, tout simplement.
Plusieurs milliers de propriétaires ont ajouté leur bateau = VRAI
Attiré par un gain financier non négligeable et par la simplicité de ces services en ligne, de nombreux propriétaires ont fait le pas et décidé de publier une annonce avec leur bateau, quelques photos et des tarifs parfois attractifs. Force est de constater qu’il existe un réel besoin pour ces plaisanciers qui naviguent parfois moins d’une semaine par an et souhaite donc rentabiliser un peu mieux leur onéreuse passion.
Des centaines de locataires ont réservé un bateau cet été = VRAI
Si certains sites n’ont pas survécu à cette déferlante de concurrents, d’autres ont tout de même réussi à convaincre quelques investisseurs privés et institutionnels, ravis de supporter l’économie collaborative. Les chiffres communiqués ne sont jamais très précis, mais avec plusieurs millions d’euros de demandes de location, espérons qu’un peu de chiffre d’affaires rentre finalement dans le tiroir-caisse de ces sites internet et de leurs financeurs ! Certaines plateformes annoncent 2017 comme l’année de tous les records avec plusieurs centaines de location de bateaux par jour pendant l’été. Il y a donc toutes les raisons de penser que l’ubérisation est en marche !
Le modèle économique est très rentable = FAUX
Interrogés par nos soins, deux acteurs majeurs de la location de particuliers nous ont informé percevoir une commission moyenne de 70 euros par réservation. Sachant qu’il prélève en moyenne 15% de commission, on calcule aisément un prix de location moyen de 466 euros. La majorité des réservations portent donc sur des unités à louer de petites tailles (inférieures à 8m) et sur des courtes durées (journée – week-end). Grâce à ces nouveaux services en ligne, propriétaires et locataires ont donc trouvé une solution efficace pour amortir un peu leur bateau pour les uns, et naviguer à moindre coût en toute simplicité pour les autres. La Fédération Nautique ne peut que se réjouir de cet engouement et recrudescence de nouveaux pratiquants.
Cependant pas besoin d’être Thomas Piketty pour se rendre compte qu’une activité saisonnière, sur un marché de niche, très concurrentiel et aux coûts d’acquisition élevés, ne peut pas être lucrative avec un panier moyen aussi faible. Résultat : difficile pour ces sites d’atteindre l’équilibre. D’ailleurs d’après nos recherches aucun de ces sites ne publient leur compte annuel, alors qu’il s’agit d’une obligation légale en France.
Quelles solutions pour tirer son épingle du jeu : augmenter les volumes de ventes et commissions perçues.
La Location de bateaux entre particuliers prend l’eau = VRAI
Si la loi maritime a tardé à se faire entendre, la loi du marché, elle, a vite repris ses droits. L’économie a beau être collaborative, elle doit être rentable !
BoatBound et Boatsetter ont fusionné aux Etats-Unis, Click&Boat s’est offert Sailsharing, Dream Yacht Charter a racheté Boaterfly, tandis que d’autres, moins chanceux, cherchent toujours d’audacieux repreneurs… ou financeurs.
Pour tenter de se remettre à flot, tous les acteurs français ont annoncé lors du Nautic de Paris ouvrir leur plateforme aux loueurs… professionnels ! Plus de destinations, plus de choix, plus de services, et plus de commissions ! L’ubérisation se professionnalise ! Toutes ces nouvelles plateformes ont donc fait le même constat et redressé la barre. La location entre particuliers, c’est bien. Mais avec des professionnels, c’est mieux ! Et surtout plus rentable !
Vous pouvez désormais sur tous ces sites consulter des offres de location de particuliers aux côtés de flottes professionnelles. Reste à savoir si les loueurs exploitants accepteront d’afficher leurs bateaux avec ceux des particuliers et si les clients s’y retrouveront parmi la diversité des annonces.
Dommage qu’aucun site n’ait pu tenir le cap. Retour à la case départ de nos bons vieux forums de bourses aux équipiers et sites de petites annonces ! La vague du profit aura vite brisé les élans collaboratifs de nos belles start-ups.
La location entre particuliers est morte, Vive la location de bateaux !
On avait envie d’y croire mais après on a demandé à Google ce qu’il en pensait :
https://trends.google.fr/trends/explore?date=all&q=globesailor,clickandboat,samboat
En quoi cela contredit notre propos ? Vous montrez que les sites de Pap sont plus recherchés sur google que GlobeSailor… et même que Samboat était connu en 2004 alors que la société a été créé 10 plus tard (quid de la qualité des données). Bref nous observons simplement que les sites de PAP se transforment en agence traditionnelle. Pourquoi le font-ils si leur modèle est si performant comme la presse « financière » veut le faire croire ? Le fait qu’ils permettent à tout un chacun de se « jeter à l’eau » en proposant des locations courtes durée est bénéfique pour tous. En revanche, en ce qui concerne la plaisance classique, le modèle ne résiste pas au professionnalisme nécessaire et au dictat de la rentabilité.
Au-delà de l’aspect rentabilité, il existe en Belgique (nous l’avons vécu) un problème juridique. En effet, il nous faut pour naviguer une lettre de pavillon ( équivalent de votre carnet de francisation) , qu’il suffit de demander ( et de payer 😉 pour l’avoir. MAIS, pour pouvoir louer son bateau, il faut une lettre de pavillon dite commerciale. Beaucoup plus chère, elle nécessite la mise en place de règles particulières en termes de sécurité , qui sont vérifiées par un fonctionnaire de l’administration maritime… dont le voyage et le logement, si le bateau est à l’étranger, sont à la charge du propriétaire du bateau! Bref, de quoi oublier tout rêve de rentabilisation de son bateau.
« Résultat : aucun de ces sites n’a pour le moment atteint l’équilibre (source Infogreffe.fr). »
On peut même préciser : des pertes vertigineuses… au point que certains se souviendront d’ un loueur qui, il y a quelques années, avait déposé le bilan en tout début d’été, laissant sur le quai de nombreuses familles qui n’ont jamais récupéré leurs acomptes…
Cela me semble surtout une belle concurrence déloyale pour les professionnels qui eux ont des navires entretenus et équipés par des pro avec une assurance valable.
Leurs bateaux ne sont pas dangereux comme certains en location sur ces sites de particuliers. Je vois des voiliers à louer qui n ont pas navigués depuis des années( le moteur démarre quand il le veut, le propriétaire sait à peine naviguer et emmene des gens à bord, le matériel de sécu manquant ou périmé).
Ces sites fragilisent la location professionnelle mais également les skippeurs et moniteurs. On voit une fois sur deux ces locations (amateurs) proposées avec propriétaire à bord (faux skippeur), avec possibilité d apprendre avec le propriétaire ( faux moniteur).
La location est un métier de professionnel au même titre que d autres activités.
Pour la sécurité des locataires, il me semble nécessaire d’encadrer et contrôler ces particuliers.
« La location est un métier de professionnel au même titre que d autres activités. »
C’est vrai et le professionnalisme doit apporter des garanties de sérieux, de qualité, etc…
Mais comme toutes activités professionnelles, elle peut aussi s’avérer défaillante, de mauvaise qualité, etc…
Un professionnel étant aussi soumis à des contraintes beaucoup plus fortes qu’un particulier (délai, rentabilité, etc…), il peut être tenter (ou contraint) de faire passer au 2ème plan les avantages de passer par un professionnel.
Tout n’est pas blanc ou noir et il est aussi facile de trouver des expériences positives (ou négatives) de location par un professionnel ou par un particulier.