Qui sont ces femmes qui embarquent avec passion ?

Le milieu du nautisme et de la voile s’affiche depuis toujours comme étant dominé par la gent masculine. Au fil des années, cette fausse croyance s’atténue, laissant la place à des femmes passionnées et engagées. Poussées par une prise de conscience collective, les navigatrices des temps modernes sont bel et bien là et ont réussi à s’imposer dans cet univers en prouvant que la discipline était aussi à leur portée. Entre courses au large, aventure, engagement et passion, qui sont ces strong women qui embarquent avec ferveur ?

Les femmes et la course au large

On se souvient tous de Florence Arthaud qui, en 1990, est la première femme à gagner la mythique Route du Rhum, course transatlantique en solitaire. Cette victoire a marqué les esprits dans un milieu essentiellement porté par la gent masculine. À son arrivée à Pointe-à-Pitre, la célèbre navigatrice, surnommée la fiancée de l’Atlantique, volait la vedette au gratin de l’époque et s’imposait devant Mike Birch, Philippe Poupon ou encore Laurent Bourgnon. Ce triomphe ouvrit de manière magistrale le monde de la course au large aux femmes.
© Marcel Mochet

Côté britannique, Ellen Mac Arthur a, elle aussi, marqué les esprits. En 2001 elle termine deuxième du Vendée Globe et conquis le public par sa joie de vivre et sa spontanéité. L’année suivante, elle remporte la Route du Rhum et quelques années plus tard, en 2005, elle pulvérise le record du tour du monde à la voile en solitaire. 

Vous avez tous en tête le cœur tracé par Samantha Davies avec son Imoca avant de couper symboliquement la ligne d’arrivée du Vendée Globe en février 2021. Engagée aux côtés de Mécénat chirurgie cardiaque, la navigatrice au grand cœur participe aux plus grandes courses avec un double objectif : sportif et humanitaire. 

Autre figure emblématique, Clarisse Crémer avait tenu en haleine et conquis des milliers de fans lors de son premier Vendée Globe en 2020. Nouvelle recrue dans le milieu de la course au large, Clarisse bouclait son premier tour du monde en solitaire et sans escale, devenant la femme la plus rapide du Vendée Globe. Jeune maman, Clarisse ne perd pas de vue le prochain Vendée Globe et veut montrer que l’on peut être femme, mère et marin. Elle sera au départ, sous réserve de sa qualification, le 10 novembre 2024.
© Martin Keruzoré


L’année 2023 est marquée par l’exploit d’une femme d’exception. Kirsten Neuschäfer, la nouvelle héroïne de la course au large, est entrée dans l’histoire en remportant la Golden Globe Race. Elle devient la première navigatrice à gagner un tour du monde en solitaire, sans escale, sans assistance et sans moyens de navigation modernes. Informée de sa victoire à l’approche des côtes vendéennes, l’aventurière n’a jamais douté, durant ces huit mois de course, qu’elle parviendrait à franchir la ligne d’arrivée. Catherine Chabaud, navigatrice et députée européenne, a salué la performance de Kirsten : « C’est juste génial. C’est bon pour la voile et pour les femmes. »

Les femmes d’aventure

Capucine Trochet a tout d’une aventurière. Navigatrice et écrivaine, elle se passionne pour la course au large. À 27 ans, elle se lance dans un projet de mini transat. Mais tout ne se passe pas comme prévu. Atteinte du syndrome d’Elhers-Danlos, les médecins lui conseillent d’arrêter la voile pour ne pas risquer de se faire mal. Sa maladie lui inflige des mois de rééducation, mais Capucine ne désespère pas. Avide d’aventures et de liberté, elle poursuit sa quête de grands espaces et trouve un compagnon de route plus adapté à sa condition physique : Tara Tari. En 2011, après des mois de chantier pour restaurer ce petit bateau en toile de jute, et se retaper elle-même, la navigatrice largue les amarres de La Ciotat pour une traversée de l’Atlantique. Remplie d’espoir et de résilience, Capucine est un modèle de courage qui a su continuer à avancer et réaliser ses rêves malgré les imprévus de la vie.

© Capucine Trochet
Laura Dekker

À l’âge de 14 ans, Laura Dekker entre dans l’histoire. Le 20 janvier 2011, elle devient la plus jeune navigatrice à boucler un tour du monde à la voile en solitaire. Mordue de voile dès son plus jeune âge, elle passe tout son temps libre à naviguer. À 10 ans, pendant ces vacances d’été, elle bourlingue déjà seule sur un voilier de sept mètres en croisière jusqu’aux îles du nord de la Hollande et à 13 ans, elle rejoint l’Angleterre. C’est alors que germe cette idée de tour du monde. Après des mois de bataille pour convaincre les services de protection de l’enfance qu’elle en est capable, Laura s’élance finalement de Saint-Martin dans les Antilles néerlandaises à bord de son ketch de douze mètres pour une année entière à parcourir les mers du globe.

Les femmes engagées

Moins médiatisées, mais tout aussi engagées, des femmes s’investissent pour rendre le nautisme plus accessible et plus mixte.

C’est le cas d’Isabelle Joshke, qui, forte de son expérience de navigatrice, a créé l’association Horizon mixité dans le but de faire passer le message que chaque femme a ses chances dans n’importe quel secteur d’activités. Inspirer, impliquer, éduquer. Voilà les mots d’ordre de l’association qui œuvre en faveur de la mixité entre les hommes et les femmes depuis 2012. 
© Ronan Gladu / Voile MACSF – © Martin Viezzer

De leur côté, Cyrille Cremades et Nathalie Grubac organisent  chaque année la régate Fifty-Fifty Sail à La Trinité-sur-Mer. Cette régate mixte et 100 % engagée embarque des hommes et des femmes pour soutenir un programme de reconstruction par la voile destiné aux femmes victimes de violence.

Au cœur des évènements ou des équipes de course au large, on voit souvent des femmes mener la barque. Responsables de la communication, attachées de presse, préparatrices (il y en a très peu), chargées de la logistique ou des projets, elles jouent toutes un rôle majeur dans la réussite de ces organisations incontournables. Depuis peu de temps, on les retrouve aux manettes des plus grands projets de course au large. C’est le cas de Marine Derrien, team manager de Holcim-PRB, Holly Cova, team director de Malizia ou encore Cécile Andrieu, team manager du trimaran SVR Lazartigue.
© Eloi Stichelbaut

Tout aussi passionnée et engagée, Julie Mira a créé les Marinettes. Partie du constat qu’il est difficile pour une femme de trouver sa place à bord, elle souhaite redonner confiance à celles qui souhaitent partir en mer. Skipper de métier depuis l’âge de 24 ans, Julie transmet de la douceur pour que les femmes apprennent à naviguer à leur propre rythme. Elle apporte avec bienveillance son expertise humaine et professionnelle et donne goût à la navigation.

Les femmes passionnées

Navigation rime aussi avec passion et les femmes sont nombreuses à s’y frayer un chemin pour le plaisir d’être en mer et de naviguer seule ou en équipage.

Chez GlobeSailor, elles représentent 50 % des clients qui nous rejoignent pour des croisières à la cabine, et sont plus volontaires que les hommes pour voyager seule. Prenons l’exemple de Fabienne, la grande gagnante du concours GlobeSailor, qui s’est vu recevoir en début d’année le sésame pour des croisières à vie à bord de nos bateaux. Passionnée de voile et de voyage, elle est devenue l’une de nos ambassadrices et entend bien profiter pleinement de ce cadeau. A noter que les équipes de GlobeSailor sont mixtes et que les femmes représentent 60% des effectifs.

Dans le paysage nautique, beaucoup de femmes embarquent pour des projets de voyage. Seules, en couple ou en famille, elles sont souvent porteuses d’envies et d’idées et n’hésitent pas à tout quitter pour réaliser leur rêve de parcourir le monde. En 2019, GlobeSailor avait suivi Sarah et Aurélien dans leur aventure  « Poussé par le vent ». À la fois reporter navigatrice, professeure de SUP Yoga et média woman pour son émission «Femmes du lagon», Sarah Hébert a jeté l’ancre avec sa famille en Nouvelle-Calédonie après 5 années de voyage. 

Ces strong women de la voile, sportives, engagées et déterminées, sont le reflet d’un monde qui change vers plus de mixité. L’actualité liée au Vendée Globe de Clarisse Crémer, l’engagement de certains organisateurs de course pour des équipages mixtes, la parole des médias en ce sens ou encore les actions collectives et individuelles appuient cette tendance. Continuons à surfer sur cette vague et à vibrer avec ces femmes passionnantes et ambitieuses.
Bravo mesdames !