Le talon d’Achille du voilier a fait tomber notre coureur, notre meilleur espoir marin, Gwéno. Adieu vent, vagues, moutons, risées. Le sort en est jeté, la mer a parlé: c’est non. Pas toi Gwénolé, toi tu rentres chez toi, et je garde ton bateau.
Gwéno l’intrépide a dû abandonner son mini et se jeter à l’eau pour être récupéré par un navire de pêche portugais. On remercie Jamaica qui a fait la plus belle prise de son histoire ce jour-là! On imaginait notre coureur déprimé et à bout de forces, debout sur le pont les yeux plantés dans l’horizon, faisant couler le sel de son regard vague dans le bleu de la mer pendant que le sel de nos yeux tristes gouttait sur nos claviers d’ordinateur… mais il n’en était rien! Et oui, Gwénolé a gardé cette gaieté qu’on lui connaît si bien et en apprenant qu’il a la patate et qu’il s’est éclaté sur Jamaica, on a retrouvé le sourire nous aussi. On ne va pas se laisser démonter, cela n’est pas notre genre, ni celui des amis de Gwénolé dont certains, en apprenant qu’il se faisait remorquer par un bateau de pêche, ont monté une photo de lui suspendu au bout d’un hameçon…! Témoin de la vibe humoristique qui contamine nos ministes lors de cette édition, la vidéo OrgaOutai qui comptabilise plus de 20 000 visionnages sur Youtube. Mieux vaut rire que pleurer! En revanche au GlobeSailor, certains d’entre nous se roulent par terre de désespoir, battent leur coulpe, tombent à genoux, les bras tendus en hurlant au ciel: « mais pourquoi, POURQUOI ??!! »
Et la réponse à cette question est très simple: parce que le mieux est l’ennemi du bien. Avec tous ces démâtages, ces chavirages, ces avaries qui font rentrer nos coureurs à terre le cœur serré, l’océan est devenu le Waterloo de la course au large. Mini-transat, transat Jacques Vabre, que les bateaux de course soient petits ou gros, ils cassent. Quand on voit qu’un Michel Desjoyeaux et qu’un François Gabart, qui sont en ce moment les frères Lumière de la compétition nautique, démâtent pour la deuxième fois ensemble sur un Imoca, on s’interroge.
De nombreux progrès ont été fait en matière de technologie et de construction nautique, le voiliers de course sont maintenant des joyeaux de technique et de performance qui rebondissent et planent sur les vagues comme des planches de surf, ça va vite, ça décoiffe, c’est ébouriffant. Et cette vitesse n’est pas peu lourde de conséquences lorsque les bateaux se heurtent à un objet. Comme on dit beaucoup chez les marins, plus petite la vitesse, plus petits les dégâts. Il semblerait aussi que les voiliers de course soient un peu moins solides qu’avant. Le principe est le même que pour une course hippique, il faut être le plus léger possible. A l’hippodrome on pèse le jockey, mais en régate, on pèse le bateau et le coureur! Alors pour que le bateau ait le poids idéal, on dégraisse la bête, on choisit des matériaux certes très légers, mais moins résistants, qui cassent donc plus facilement. Les voiliers perdent en rigidité, et les coureurs voulant aller toujours plus loin, plus fort, plus vite, les poussent au maximum, réduisant la toile au dernier moment quand ce n’est pas le mât qui la fait tomber… On salue le jusque-boutisme de ces compétiteurs, qui ne lâchent rien et vont chercher la victoire au risque de perdre leur bateau et leur vie. A vaincre sans périls on triomphe sans gloire, et même si Gwénolé n’a pas pu aller jusqu’en Guadeloupe, pour le GlobeSailor il est champion du monde du courage et de la détermination!
Alors c’est quoi la suite? Fini le mini, Gwénolé descend de son poney de compétition pour monter sur un cheval de course: le Figaro II. A lui la Solitaire! Ensuite class40? Imoca? On ne sait pas encore mais on subodore que ça lui trotte dans la tête… Quoiqu’il en soit on hâte de le retrouver sur l’eau, de le voir fendre la mer au volant d’un autre bolide à voile et on attend avec impatience le jour où il mettra sa taule à Gabart au Vendée!!
Go Gwéno!
En direct de Paris-les-Bains,
Anne de Saint-Périer, responsable partenariats du GlobeSailor.