A l’heure où la navigation de plaisance redevient possible, dans un périmètre de 54 milles maximum pour le moment, quelles peuvent être les perspectives de cette industrie dans les mois et les années à venir ? Frontières fermées, restrictions sanitaires, avions cloués au sol, comment partir en croisière cet été et où naviguer demain ? Une crise économique sans précédent prolongera la crise sanitaire. Quel budget les amoureux de la voile et de la mer seront-ils prêts à investir dans leurs vacances sur l’eau ? Quelles mesures ou nouveaux services attendent-ils de la part des professionnels du nautisme pour garantir leur sécurité et naviguer sereinement ?
Autant de questions que nous nous sommes posées au sein de GlobeSailor pour tenter de garder le bon cap... Nous avons donc diffusé un questionnaire du 21 avril au 8 mai 2020, auprès de la communauté nautique française et auprès de notre base de données de clients et prospects français. Nous avons ainsi collecté un échantillon de 1 443 réponses à notre enquête. Nous vous livrons ici une synthèse qui nous l’espérons vous donnera une meilleure visibilité du marché et des tendances à venir.
PROFIL DE L'ÉCHANTILLON DES PARTICIPANTS
L’âge moyen de notre échantillon est de 55,5 ans. Voici un graphe représentant la répartition par âge des personnes sondées. Si l’attrait de la mer et le goût des vacances sur l’eau est partagé par tous, il était important de mieux cerner les types de pratiques qui peuvent être très variés sur l’eau.
La majorité de notre échantillon est adepte de la location de bateaux habitables et/ou propriétaire d’un bateau. Les amateurs de croisières à la cabine avec équipage, de régate et de voile légère sont également assez bien représentés dans cette étude.
POUVOIR D'ACHAT ET IMPACT DE LA CRISE SUR LA CONFIANCE DES PLAISANCIERS
Il est intéressant de noter que si l’indice de confiance des plaisanciers pour une reprise économique rapide (décembre 2020) est assez bas (4,44/10 – 10 étant le niveau de confiance maximal), leur pouvoir d’achat semble moins affaibli que leur confiance. 40% des personnes sondées estiment que la crise va avoir un impact faible ou nul sur leur pouvoir d’achat. La majorité d’entre eux cependant envisage une reprise économique lente, entre 2021 et 2022.
La bonne nouvelle pour les professionnels du tourisme est que leur budget alloué aux vacances semble encore moins impacté que leur pouvoir d’achat en général.
PLUS DE LA MOITIÉ DES ACHATS DE BATEAUX REPORTÉS
Concernant les projets d’acquisition d’un bateau, la crise a-t-elle freiné voire annihilé les désirs des futurs propriétaires ? Sur les plaisanciers interrogés, 22,2% ont répondu avoir un projet d’achat de bateau. D’après notre enquête, plus de la moitié (58%) d’entre eux préfèrent remettre à plus tard leur acquisition. Ces reports concernent majoritairement l’achat d’unités entre 10 et 15 mètres (57%). En moyenne, le délai de report estimé par les futurs propriétaires est un peu supérieur à 1 an et 7 mois.
L’ENVIE DE NAVIGUER, PLUS FORTE QUE LA CRISE ?
Il est très encourageant de voir qu’un plaisancier sur 2 souhaite naviguer immédiatement après la levée des restrictions de déplacement ou cet été. 22% d’entre eux préfèrent attendre l’automne et 9% optent pour une croisière au soleil cet hiver. Seuls environ 20% des personnes interrogées préfèrent décaler leurs vacances en mer à 2021 ou 2022.
En termes de destinations pour leur prochaine croisière, la Manche et la côte atlantique remportent la majorité des suffrages avec 22,4% des réponses. La Côte d’Azur quant à elle attire 18,3% des navigants, suivi de près par la Corse (16,5%). Sans surprise, les côtes françaises se hissent sur les premières marches du podium. Les incertitudes sur l’ouverture des frontières et les restrictions sanitaires à court terme privilégient naturellement les bassins de navigation français qui devraient tirer leur épingle du jeu, concernant notamment le public français, les étrangers n’ayant que peu de chance de visiter nos côtes.
Côté international, la Grèce fait partie des destinations étrangères les plus prisées (10,7%), suivi de l’Italie (9,3%) et de la Croatie (8%).
LOUER UN BATEAU OUI, MAIS PAS N'IMPORTE COMMENT !
Interrogés sur leurs craintes et mesures sanitaires souhaitées pour naviguer cet été, seuls 20% des plaisanciers ne sont pas du tout inquiets de contracter le Covid-19. C’est lors du transport pour se rendre à la base et au cours de l’avitaillement que les craintes d’être contaminés sont les plus élevées (30%). On peut imaginer que bon nombre d’entre eux privilégieront la voiture au train par exemple pour se rendre au port de départ. Il est donc important pour les marinas et les loueurs de bateaux de s’organiser pour être en mesure de proposer des places de parking sécurisées.
Concernant la location, seules 7% des personnes interrogées craignent d’être contaminées aux contacts du technicien lors du check-in et de l’inventaire du bateau. En revanche 14% des plaisanciers estiment que le risque peut provenir du bateau et de la qualité de son nettoyage. Il est indispensable pour eux que le bateau soit bien désinfecté et aéré entre chaque location et si possible connaître les détails du protocole de nettoyage ou voir une attestation de nettoyage dans le bateau.
Et il est en effet utile avant de passer une semaine confinée en bateau avec ses équipiers, d’être rassuré sur leur état de santé. D’ailleurs 14% d’entre eux affirment être inquiets d’être contaminés à cause d’un équipier à bord du bateau…
Une charte de qualité est souvent demandée de la part des plaisanciers, soucieux d’être informés du mieux possible sur les protocoles sanitaires mis en œuvre à bord des bateaux.
LA QUALITÉ, SEUL REMÈDE CONTRE LA CRISE ?
Interrogés sur leurs attentes futures pour naviguer dans les meilleures conditions, les plaisanciers de notre échantillon se révèlent très exigeants et ont principalement centré leurs besoins autour de 4 grandes thématiques. L’ensemble de ces critères sera indispensable pour reconquérir la confiance des clients :
- Hygiène et Propreté (bateau désinfecté, literie irréprochable, vaisselle aseptisée, sanitaires au port impeccables…)
- Flexibilité (assurances annulation, location courte durée, réservation last-minute…)
- Communication et Transparence (charte de qualité, conditions d’annulation explicites, affichage des mesures barrières et protocoles sanitaires, conseils en cas de malade à bord, formalités nécessaires…)
- Responsabilité environnementale (tri, utilisation de produits écologiques, compensation carbone, destinations pour naviguer plus proches, restreindre l’utilisation du plastique…)
Acteurs durement pénalisés par la crise à cause de la fermeture des ports, de l’impossibilité de naviguer et des restrictions de déplacement pour la clientèle étrangère, les loueurs de bateaux vont également devoir redoubler d’efforts pour rassurer leurs clients et leur garantir des conditions sanitaires irréprochables, mais à la fois coûteuses… Il est très probable que ces nouvelles exigences soient compensées par un ajustement à la hausse des tarifs qui risque d’être nécessaire.
La visibilité étant très flou sur la réouverture des frontières, les déplacements internationaux et les mesures sanitaires liées, il est primordial pour les professionnels de se concentrer sur une clientèle locale, française, qui avait peut-être ces dernières années préférée naviguer en Croatie, en Grèce ou en Sicile. La crise sanitaire nous invite à (re)découvrir notre littoral et nos bassins de navigation, qui fort heureusement s’illustrent par leur authenticité, leur beauté et leur variété !
On peut imaginer que ce constat ne se limite pas uniquement à la location de bateaux mais à toute l’industrie touristique dont les métiers sont d’accueillir du public (hôtels, gîtes, campings…) dans des conditions optimales. L’objectif pour survivre sera de fournir une transparence et une qualité de prestations sans doute jamais inégalée…
Enquête et analyse réalisées par l’entreprise GlobeSailor SAS.
GlobeSailor est une agence de location de bateaux et de vente de croisières à la voile. Elle opère depuis 10 ans dans plus de 180 destinations auprès d’une clientèle française et internationale.